INTERVIEW DU MOIS : André Biche, président de la Coordination régionale Santé mentale France Bretagne

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Rencontre avec André Biche, président de la Coordination régionale Santé mentale France Bretagne et figure engagée de longue date dans le champ de la santé mentale. Ancien intervenant social devenu directeur du dispositif Fil Rouge à Rennes, il a œuvré à décloisonner les approches sanitaires, sociales et médico-sociales pour favoriser l’inclusion des personnes vivant avec des troubles psychiques. Son engagement se traduit par des actions concrètes en faveur de la sensibilisation et de l’amélioration des dispositifs de soin.

« Santé Mentale France est l’une des rares fédérations à articuler une parole politique forte au niveau national, tout en ancrant son action dans les territoires. L’échelon local est déterminant pour expérimenter, innover, adapter les réponses aux réalités de terrain. »

1. Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours, notamment en lien avec votre engagement pour la santé mentale ?

Je me suis engagé depuis de nombreuses années autour des questions d’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. C’est dans ce cadre, au début des années 2000, que j’ai été confronté à une réalité : les problématiques psychiques étaient largement négligées. Très vite, j’ai ressenti la nécessité de mieux comprendre ces fragilités et de promouvoir leur reconnaissance. C’est ce cheminement qui m’a amené à croiser la route des Croix-Marine, aujourd’hui Santé mentale France.


Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’importance de décloisonner les secteurs : faire coopérer le social, l’accompagnement, et la psychiatrie, pour agir ensemble plutôt que chacun de son côté. Aujourd’hui, je suis notamment impliqué dans la coordination Santé mentale France Bretagne, et je représente également la Fédération dans certaines instances. Je suis également formateur en Premiers Secours en Santé Mentale, un outil précieux de sensibilisation et de prévention.

2. Quels sont les principaux éléments qui font la force de cette fédération ? 

Ce qui fait la singularité et la force de Santé mentale France, c’est sa capacité à faire dialoguer une grande diversité d’acteurs autour d’un même objectif : favoriser le rétablissement des personnes vivant avec des troubles psychiques. Cette pluralité – professionnels, proches, personnes concernées, institutions, collectivités, associations – permet de porter une vision globale et humaniste de la santé mentale.

Un autre élément essentiel, c’est la place donnée aux personnes concernées. Elles ne sont pas seulement « accompagnées » : elles sont actrices, co-constructrices des dispositifs, des politiques, des projets. C’est cette reconnaissance de leur expertise et de leur légitimité qui rend possible un véritable changement de regard.

Enfin, Santé mentale France est l’une des rares fédérations à articuler une parole politique forte au niveau national, tout en ancrant son action dans les territoires. L’échelon local est déterminant pour expérimenter, innover, adapter les réponses aux réalités de terrain. C’est cette articulation entre le national et le local qui me semble précieuse, et qui justifie mon engagement dans la coordination régionale Bretagne.

3. Quelles sont les initiatives récentes portées par la fédération ?

La Fédération Santé Mentale France s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue des pratiques, en mobilisant l’ensemble des acteurs concernés à chaque étape du parcours de vie. Cette ambition s’est récemment traduite par la publication de son livre blanc, qui constitue à la fois un état des lieux, un plaidoyer et une feuille de route pour faire évoluer les politiques publiques.

À travers ce document, la Fédération réaffirme une vision globale et inclusive de la santé mentale, qui ne se limite pas au soin mais englobe aussi des enjeux majeurs comme la prévention, l’accompagnement vers l’autonomie, l’accès aux droits ou encore à la citoyenneté.

Parmi les actions marquantes, le développement des Premiers Secours en Santé mentale est aussi un levier fort. Il s’agit d’un outil de sensibilisation et de formation qui permet de mieux comprendre les troubles, de repérer les signaux d’alerte, et d’orienter les personnes vers les ressources adéquates. C’est un exemple concret de ce que peut être une politique de santé mentale tournée vers la prévention et le décloisonnement.

Plus largement, la Fédération se positionne comme une instance fédératrice capable d’impulser des dynamiques collectives dans un champ encore trop souvent morcelé. Elle incarne une perspective d’avenir pour l’ensemble des acteurs de la santé mentale.

4. Pour finir, quel message souhaitez- vous adresser aux adhérents et aux soutiens de Santé mentale France ?

Le message que je souhaite transmettre est avant tout un appel à la mobilisation collective. Face aux enjeux immenses que pose la santé mentale aujourd’hui, nous devons agir ensemble, dans la durée, avec cohérence et conviction. Il ne s’agit pas seulement de défendre des idées, mais de transformer des orientations générales en actions concrètes, visibles, évaluables, porteuses de changement.

Le rétablissement des personnes concernées, leur inclusion pleine et entière, leur reconnaissance comme citoyennes à part entière, dépendent de notre capacité à travailler ensemble, à croiser nos compétences, nos vécus, nos visions. C’est cette intelligence collective que la Fédération incarne et que je souhaite continuer à faire vivre avec tous ceux qui partagent cette ambition.

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