INTERVIEW DU MOIS : deux nouvelles collaboratrices chez Santé mentale France

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Rencontre avec Coralie CHARRIER, Responsable du Pôle Formation et Accompagnement de Santé mentale France. Engagée depuis plus de 20 ans dans l’accompagnement d’organisations du secteur des politiques sociales, de l’éducation populaire et du handicap, elle a porté des projets visant à lutter contre les inégalités et favoriser l’inclusion de personnes en difficulté sociales ou en situation de handicap. Elle a dirigé un organisme de formation régional et des activités de vacances et loisirs pour développer le pouvoir d’agir des personnes, le vivre ensemble, et l’engagement citoyen.

“Ce respect des savoirs expérientiels donne toute sa force au projet de rétablissement et incarne concrètement l’idéal d’inclusion porté par SmF.« 

Et Romane SUAREZ, Chargée de communication et développement au sein de Santé mentale France. Issue du monde de l’agence de communication, elle a accompagné des associations et ONG comme Médecins Sans Frontière ou Le Foyer Notre-Dame des Sans-abri dans la réalisation de campagnes de communication stratégique. Elle a également cofondé un média et collectif événementiel culturel et militant, autour des questions de dévoilement, de féminisme et d’inclusion. 

“C’est l’ambition portée par Santé mentale France qui m’a séduite. Réunir l’ensemble des acteurs et actrices du social, médico-social et sanitaire autour d’un même objectif.« 

Présentation et parcours avant intégration à l’équipe Santé mentale France ?

Coralie Charrier : Diplômée d’un Master Management touristique et hôtelier, j’ai accompagné les territoires dans leur développement touristique pendant 7 ans au Ministère du Tourisme puis en tant que consultante. J’ai ensuite piloté des programmes et projets visant à réduire les inégalités dans l’accès aux vacances et soutenir le départ de ceux qui en sont le plus éloignés pendant une dizaine d’années à la Direction des Politiques Sociales de l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances. Cette expérience a marqué un tournant dans mon parcours et le début de mon engagement dans l’accompagnement des personnes en difficulté économique et sociale.

J’ai ensuite dirigé la délégation régionale île-de-France d’un organisme de formation à l’animation également association de jeunesse et d’éducation populaire dont les valeurs fortes d’émancipation, de participation et de pouvoir d’agir ont profondément nourri mon engagement. Ce cheminement m’a conduite à reprendre des études dans le domaine de la formation et de l’éducation.  

En 2024, j’ai obtenu un Master Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation avec une orientation inclusive. Mon mémoire de recherche a porté sur l’accompagnement des professionnels de l’école inclusive pour répondre aux besoins des élèves ayant un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). J’ai également exploré des thématiques comme les addictions, la pair-aidance, les communautés de pratiques, le co-développement…. que l’on rencontre en santé mentale.

Parallèlement, je suis investie bénévolement dans une association de jeunesse et d’éducation populaire et siège au conseil d’administration d’une association de séjours et loisirs adaptés pour des jeunes et adultes avec un trouble du spectre autistique (TSA). 

Dans mon parcours, j’ai approché les troubles psychiques comme troubles associés aux troubles neuro-développementaux. Forte de ces expériences complémentaires, je souhaite contribuer à l’accélération de l’inclusion et au développement effectif d’une société plus inclusive.

Romane Suarez : De mon côté, sensible aux parcours de vie fracturés des personnes en difficulté sociale, j’ai toujours été engagée auprès de structures associatives et indépendantes qui soutiennent ces publics, souvent précaires, souvent oubliés. Très tôt, j’ai ressenti le besoin d’agir pour rendre visibles celles et ceux qu’on entend peu et de contribuer, à mon échelle, à plus de justice sociale et d’inclusion.

Dans mon parcours de communicante, j’ai accompagné, en tant que cheffe de projet, des grands groupes français, des institutions publiques et des associations, sur des territoires d’action variés (La Mutuelle Générale, Bordeaux Métropole, VINCI, etc.). Cette expérience m’a permis de mieux comprendre la complexité de ces secteurs, d’écouter la diversité des publics et de développer une véritable appétence pour les questions sociales, au croisement des politiques publiques, de l’action de terrain et de la communication d’intérêt général.

En 2018, j’ai cofondé une association « 7 magazine », un média indépendant et féministe, qui explore les sept péchés capitaux au travers de références culturelles et artistiques. Avec cette aventure collective, j’ai eu la joie de toucher à plusieurs médiums d’expression — podcasts, expositions, concerts — tout en développant une communauté active et solidaire sur les réseaux sociaux. Ce projet m’a aussi permis de rencontrer des acteurs et actrices de la scène culturelle, queer et féministe, à Lyon et à Paris, et de tisser des liens précieux au sein de ces communautés. En parallèle, j’ai piloté les enjeux techniques, organisationnels et financiers du projet.

Ce cheminement m’a confortée dans une conviction : donner la parole, soutenir la singularité et renforcer le pouvoir d’agir sont essentiels pour bâtir une société plus ouverte.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de rejoindre Santé mentale France ?

Coralie Charrier : Je suis convaincue que la sensibilisation, la formation et l’accompagnement en santé mentale sont des leviers essentiels du développement du rétablissement et d’une société inclusive. 

Ce qui m’a donné envie de rejoindre Santé mentale France, c’est son ambition : faire de la santé mentale un enjeu citoyen. L’association agit de manière systémique et inclusive, en mobilisant toute la société : les personnes concernées, leur entourage, les professionnels de tous secteurs, les institutions, les entreprises. A travers ses actions – évènements nationaux, ateliers du rétablissement, sensibilisations, formations, conseils et accompagnement sur mesure – SmF déploie une démarche globale et cohérente, centrée sur les besoins réels. 

J’ai été sensible à cette approche globale, fondée sur la coopération de toutes les parties prenantes.

Romane Suarez : Sensible aux questions de santé mentale en tant que proche aidante, il me semblait nécessaire, à ce stade de mon parcours, de me recentrer autour de cet univers qui me touche tout particulièrement.

Je crois que la communication est un outil formidable qui permet de faire la lumière sur des causes qui ont cruellement besoin d’être davantage visibilisée. La santé mentale a trop longtemps été inavouée, taboue, vécue dans le secret, alors qu’elle prend une place prépondérante dans la vie de chacun. Nous sommes toutes et tous touché·es de près ou de loin par les troubles psychiques et il est temps de pouvoir en parler sans honte. Je crois que pour parvenir à cet objectif, il est nécessaire de s’unir, de faire front commun. C’est l’ambition portée par  Santé mentale France qui m’a séduite. Réunir l’ensemble des acteurs et actrices du social, médico-social et sanitaire autour d’un même objectif.

Aussi, la notion de rétablissement, portée par SmF, est une clé puissante pour mieux vivre, qui résonne pour moi. Ne pas définir une personne concernée uniquement au travers de son trouble psychique, comprendre que tous les petits pas sont immenses, que chaque chemin est singulier et que la tolérance envers soi et les autres relève de la solidarité.

Quelle histoire, projet, initiative portée par Santé Mentale France vous a particulièrement touchée ou marquée ?

Coralie Charrier : Ce qui m’a particulièrement marqué chez Santé mentale France, c’est son ambition d’impulser un changement de regard et de pratiques à l’échelle des organisations et de la société tout entière. Sa vision ouverte, inclusive et citoyenne qui promeut le pouvoir d’agir et le rétablissement des personnes fait écho à mes valeurs et mon engagement. J’ai également été sensible à sa démarche d’intervention à 360° qui permet de sensibiliser l’ensemble des acteurs (citoyens, associations, entreprises, institutions publics) aux enjeux de santé mentale, de former les professionnels du secteur aux nouvelles pratiques et d’accompagner les collectifs et institutions dans leur démarche de changement.

Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est l’implication active des personnes concernées par les troubles psychiques. Leur parole est écoutée, valorisée et intégrée dans les projets. Ce respect des savoirs expérientiels donne toute sa force au projet de rétablissement et incarne concrètement l’idéal d’inclusion porté par SmF.

C’est pourquoi nous valorisons le rétablissement (processus porté par la personne elle-même), l’intégration (de la personne vers la société) et l’inclusion (de la société vers la personne).

Romane Suarez : Évidemment, le projet qui me touche le plus, c’est Plein Espoir. Un média conçu par et pour les personnes concernées par les troubles psychiques, qui donne une place centrale au témoignage.

Ce qu’il est important de souligner, c’est que ce projet représente un véritable aboutissement. Il est né de la volonté de déstigmatiser la santé mentale, d’offrir un espace sur où personnes concernées, proches et professionnels pourraient venir s’informer librement. Plein Espoir c’est aussi une équipe, des personnes — concernées ou non — qui oeuvrent ensemble pour faire grandir ce projet.

Depuis mon arrivée chez Santé mentale France et à mesure que je contribue, moi aussi, à enrichir ce projet, j’ai eu la chance de lire et d’entendre des récits de vie bouleversants et inspirants. Des témoignages qui font du bien, qui ouvrent d’autres perspectives et qui, finalement, apportent (enfin) un peu d’espoir.

Comment votre regard sur la santé mentale a-t-il évolué depuis que vous travaillez ici ?

Coralie Charrier : J’ai pris conscience que nous sommes tous concernés directement ou indirectement, ponctuellement ou plus durablement. Les troubles psychiques ne sont pas toujours visibles, parfois tus ou cachés, et pourtant, ils traversent toutes les sphères : personnelle, familiale, professionnelle. 

Ce nouveau regard m’a permis de prendre du recul sur ma pratique de manager. Je réalise aujourd’hui qu’une meilleure connaissance de la santé mentale, couplée à une communication empathique et bienveillante, m’aurait permis de mieux appréhender et gérer certaines situations, au bénéfice des personnes et des dynamiques d’équipe.

La santé mentale est un pilier fondamental de l’épanouissement individuel, de la performance collective et de la cohésion sociale.

Romane Suarez : Humblement, je dirais que mon regard s’est ouvert à de nouvelles perspectives, que j’ai beaucoup appris. J’ai pris conscience des nombreuses facettes de la santé mentale et des défis qui y sont associés, tant pour les personnes concernées que pour leurs proches et les professionnels. Des concepts et outils, comme la pair-aidance ou les directives anticipées en psychiatrie, sont des leviers précieux qui méritent d’être connus et partagés plus largement, tant ils apportent une réelle valeur ajoutée à l’accompagnement.

Sur ma posture professionnelle, ma posture d’aidante, je comprends aujourd’hui que parfois en voulant bien faire on fait des erreurs. Qu’il existe des méthodes, des appuis, pour pouvoir mieux accompagner.

Je rencontre au quotidien des acteurs, bénévoles et professionnels de santé engagés, passionnés, qui font preuve d’un dévouement inouï. Ces personnes, avec leurs actions et leurs initiatives, participent à construire un tissu collectif autour de la santé mentale, qui est plus que jamais essentiel en cette année de grande cause nationale.

Pour finir, comment décririez-vous l’équipe SmF ? 

Coralie Charrier : L’équipe de Santé mentale France est profondément engagée, solidaire et tournée vers l’humain. Chacun incarne les valeurs portées par l’association, avec sincérité et cohérence. La bienveillance est au cœur des relations : on s’écoute, on se soutient et on avance ensemble. L’équipe se distingue également par sa capacité à s’adapter et innover, en s’appuyant sur une dynamique d’amélioration continue. Cette posture lui permet de proposer des réponses nouvelles et personnalisées aux besoins qui émergent. Travailler aux côtés de personnes aussi investies et alignées avec le sens de leur mission est une véritable source de motivation au quotidien.

Romane Suraez: Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est l’esprit de solidarité et l’écoute qui règne au sein de l’équipe Santé mentale France. Chacun·e, avec son parcours, ses compétences et son vécu, apporte une richesse incroyable à l’ensemble du groupe. Finalement on se réunit tous et toutes autour d’une même volonté, d’une même mission qui nous porte : sensibiliser, soutenir et aider à rendre la santé mentale plus accessible et moins stigmatisée. Je suis ravie de faire partie de l’équipe et fière de porter les couleurs de Santé mentale France.

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